Confinement : le travail prend-il trop de place dans nos vies ?

Le travail prend-il trop de place dans nos vies
Ça y est, nous sommes à nouveau confinés au niveau national. C'est une décision qui nous affecte tous profondément et qui soulève, en rebond, nombre de critiques. Le confinement automnal a été ajusté par rapport à celui du printemps notamment pour limiter les conséquences économiques. Le chef de l'Etat a donc déclaré "le travail pourra continuer". 

Le travail est de plus en plus incontournable dans nos vies

Préserver le travail répond bien entendu à une logique économique mais pas seulement. Le travail prend aussi une place de plus en plus importante dans nos vies. Les travaux de Dominique Méda et Patricia Vendramin (Réinventer le travail) ont ainsi montré que nous sommes progressivement en train d'évoluer d'une éthique du devoir ("il faut travailler") à une éthique de l'épanouissement ("je travaille pour me réaliser en temps qu'individu"). 

A vrai dire, le travail fonctionne comme une institution. Voire même une des rares sur laquelle on puisse encore compter. On a donc besoin de continuer à travailler d'autant que les premières études confirment que le confinement altère notre santé mentale. Et on sait comment certains salariés en chômage partiel ont eu mal à vivre cette période. 

Donc, si favoriser le travail est une bonne nouvelle pour l'économie, c'est également souhaitable pour les salariés (en prenant toutes les précautions pour éviter d'être infecté par le virus). Mais c'est aussi naturellement une bonne nouvelle pour les entreprises. 

Car les entreprises craignent beaucoup de voir le lien avec les salariés se distendre ou se rompre. Ce lien était déjà fragile il y a un an (Alerte ! Le travail ne répond plus !). Cette année, les entreprises ont dû généraliser le télétravail, sachant que le véritable enjeu du télétravail, c'est d'apprendre à gérer un nouveau rapport au travail dans lequel les repères liés à l'espace et au temps sont totalement bouleversés. 

La logique du sur-travail

Aujourd'hui, tu le constates comme moi: l'entreprise multiplie les appels à la subjectivité, augmente la demande d'investissement et tolère voire favorise un mélange entre les temps privés et professionnels. 

Les salariés répondent en général positivement à ces demandes parce qu'elles coïncident avec leur souhait d'autonomie et que le travail prend une part de plus en plus importante dans ce qui constitue leur identité. 

Pourtant, sauf dans de très rares cas, l'entreprise n'a pas du tout abandonné son exigence de contrôle comme je l'ai expliqué dans Monde d'après : sauvons le travail !

Dans la même logique, l'entreprise va valoriser le travail en équipe, la collaboration, l'intelligence collective alors même qu'elle maintient une évaluation individuelle des collaborateurs ou encore que les budgets restent affectés suivant les lignes hiérarchiques.  

Depuis longtemps déjà, François Dupuy (Lost in Management) dénonce ces incohérences avec notamment la multiplication des chefs de projets. De la même manière, à chaque fois que le dirigeant fait fasse à un nouvel enjeu, il recrute un directeur en charge de traiter le sujet. Sauf que la plupart du temps, il ou elle devra agir en influence sans aucun moyen direct. On peut citer le Directeur RSE, le Directeur Innovation, le Chief Digital Officer ou encore le Chief Happyness Officer !

Au final, cela renforce le modèle hiérarchique comme en témoigne l'incontournable chasse au sponsor (Intrapreneuriat: 3 clés pour trouver un sponsor et réussir ton projet).

Le culte de la performance 

Avec l'élévation du niveau d'éducation dans la société, la concurrence entre les salariés est de plus en plus rude, alors même qu'elle est masquée par l'injonction de collaboration. 

Tu constates donc logiquement une inflation des spécialistes du développement personnel et du coaching en tout genre pour aider chacun à s'améliorer. Il faut réussir à tout prix. Chaque échec doit être mobilisé pour progresser vers toujours plus de performance (Culture de l'échec : peut-on apprendre de ses erreurs ?

Sauf que l'horizon s'éloigne à chaque pas. Chaque progrès est réduit à néant par les progrès que font nos concurrents, d'autant plus dangereux qu'ils sont inconnus ou que l'on doit les considérer avec bienveillance. Difficile expérience d'un monde qui nous résiste.

L'exigence de performance engendre un surinvestissement. Dans certains cas, on assiste au débordement du travail sur l'ensemble des temps de la vie et une perturbation du sommeil.

Les salariés se retrouvent ainsi soumis à une intensification du travail, à une mise en concurrence et à une augmentation de la charge émotionnelle que paradoxalement ils acceptent de bon coeur.

Si, par malheur, un salarié se retrouve confronté à un manque de reconnaissance, à une défaillance du soutien social, à une perte de sens (Faut-il se résigner aux jobs à la con ?) ou à des conflits de valeurs (Comment sauver l'entreprise si on décourage les collaborateurs ?), le risque est grand de le voir basculer dans le burn out (3 conseils pour échapper au burn-out).

A l'inverse, ceux qui réussissent sont ceux qui arrivent à intégrer un double discours : d’un côté il faut des règles et d’un autre côté, on ne peut rien faire de profitable sans les transgresser.  

Le confinement est un moment tout à fait spécifique qui nous demande un gros effort d'adaptation. Mais il peut être également une opportunité pour repenser notre rapport au travail et à la place qu'il prend dans notre vie. 

Pour les entreprises, cela peut être l'occasion de repenser le rapport au travail tout en favoriser l'innovation. C'est ce que je propose dans mon livre blanc : innover grâce à la déviance positive

Si tu veux mettre en place cette démarche dans ton entreprise, tu peux me contacter: 

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