Relations startup: aller au delà des idées reçues

Dur de réussir ses relations startup !

53% des entreprises du CAC40 ont un accélérateur, un incubateur ou un lab open innovation en propre. Et si on y ajoute les structures partagées, la statistique monte à 86%.

Dur de réussir ses relations startup
Ces statistiques impressionnantes sont issues du rapport David avec Goliath 2018 qui affiche clairement la couleur: depuis 2017, 100% des grandes entreprises collaborent aujourd’hui avec des jeunes entreprises. Et ça, forcément, c'est bien.

Sauf que ça ne correspond pas forcément à ta pratique. D'abord parce tout le monde ne travaille pas pour le CAC40. En fait, rapporté au total d'emploi des ETI et Grandes Entreprises, l'emploi français du CAC40 ne représente que 17%.

Ensuite parce les accélérateurs, incubateurs et autres lab open innovation ne rayonnent pas toujours largement dans le groupe. Certains sont même considérés comme une pure action de communication (Votre organisation est-elle atteinte d'Innovationite ?).

Et enfin, parce que, malheureusement, les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous. En fait, on peut largement considérer que le succès de l'intrapreneuriat (3 conseils pour tirer le meilleur d'une expérience d'intrapreneur) est une conséquence des difficultés à valoriser les résultats issus des relations avec les startups.

Et ne parlons pas des concours, qui, on l'a vu (Concours de startup: 3 questions pour en tirer le meilleur profit), sont un dispositif particulièrement usé qui doit être renouvelé.

Mais avant d'obtenir de meilleurs résultats, il faut arriver à dépasser quelques idées reçues. Pour mieux les décrypter, je vais forcer le trait, quitte à aller jusqu'à la caricature:

Idée reçue #1 - les startups n'ont aucune chance de grandir sans notre aide

Sous-entendu: les startups n'y connaissent rien

C'est vrai, nous, ça fait des années qu'on est présent sur le marché, on investit des millions ou des milliards en R&D, on connait les clients, les circuits de distribution. Donc, OK, on veut bien sourcer de l'innovation en externe, mais à nos conditions.

Les startups n'ont aucune chance de grandir sans notre aide. Sous-entendu: elles n'y connaissent rien
Le problème, c'est que les fondateurs de startups ont souvent une expérience dans votre domaine. Et comme ils sont focalisés sur un sujet précis, ils en savent vite plus que vos experts.  Sans compter qu'ils sont parfois issus de la recherche académique ou qu'ils ont des partenariats avec des laboratoires à la pointe au niveau mondial. 

Et ne crois surtout pas qu'ils soient nécessairement en retard côté commercial. En fait, comme ils répondent souvent à des cas d'usage importants pour tes clients, ils ont parfois des meilleurs contacts que toi. 

D'ailleurs, si une startup propose une innovation de rupture (Innovation de rupture - la grande illusion), il y a de fortes chances qu'elle se développe sans que tu aies vraiment perçu le risque qu'elle représente.

Idée reçue #2 - on ne peut rien apporter aux startups

Sous-entendu: on se sent déclassé par ce nouveau monde à qui tout réussit

On voit les startups aller très vite et nous, avec nos process et nos enchevêtrement de KPI, on n'arrive pas à suivre.  On se demande comment apporter de l’innovation de rupture dans les entreprises et parfois de l'innovation tout court. 

Ce complexe d'infériorité, inverse de l'idée reçue précédente, est plus fréquent qu'on ne croit. La communication largement positive autour du phénomène des startups y contribue, tandis que la communication interne n'arrive plus à convaincre face à l'écart avec la réalité vécue par les salariés. 

Les salariés, restés trop longtemps immergés dans une entreprise avec une culture forte, peuvent ne plus avoir conscience de certaines compétences qu'ils ont malgré tout. On pourra alors les engager dans des initiatives de RSE (Responsabilité Sociale de l'Entreprise) ou encore les prêter à des startups (avec par exemple Mobiliwork) afin qu'ils réalisent mieux ce qui constitue leur savoir faire. 

Au-delà des compétences qui pourront d'ailleurs s'exprimer hors structure via le corporate hacking (Corporate hacking: quelques clés pour changer une entreprise de l'intérieur), la grande entreprise possède de nombreux actifs qu'elle peut mettre à disposition des startups. Et c'est là qu'un incubateur ou un accélérateur peut avoir son sens: Créer un incubateur - quelques conseils pour démarrer

Idée reçue #3 - il faut qu'on crée un fonds CVC

Sous-entendu: les startups cherchent avant tout des fonds

42% des entreprises du CAC40 ont un fonds Corporate Venture (ou CVC) en propre et 65% en partagé. Un fonds CVC est un véritable aimant pour les startups qui s'épuisent à lever des fonds et qui voient leur trésorerie fondre au rythme de leur cash burn

Les startups cherchent des clients, pas des investisseurs qui vont compliquer leur croissance
Oui, mais une entreprise que je connais bien a mis en place un fonds à 100 millions de $ et a tout perdu. N'est pas VC (Venture Capitalist) qui veut. Une autre entreprise, après avoir recherché vainement des synergies entre son fonds CVC et ses activités a décidé que la gestion en serait uniquement financière. 

Car le problème, c'est que les intérêts industriels sont parfois contradictoires avec les intérêts financiers. Le fait de faire entrer un client à son capital est souvent un mélange des genres destructeur de valeur. 

Est-ce qu'un CVC verra d'un bon oeil un partenariat stratégique avec un concurrent ? Est-ce qu'un CVC accompagnera la recherche de nouveaux fonds ? Est-ce qu'un CVC ne va pas chercher à bloquer la sortie pour éviter la revente à un concurrent (Startup Exit: planifier la sortie dès le départ) ? 

Les startups doivent avant tout chercher des clients. Les grands groupes cherchent de l'innovation qui peut être apportée par les startups avec des contrats clients ou partenaires. Dans certains cas, ils achètent d'autres entreprises (dont des startups), mais pas besoin d'un CVC pour ça. 

Un CVC peut avoir son utilité, mais il faut bien réfléchir s'il a une orientation plutôt financière ou stratégique et comment on mettra en oeuvre dans la pratique les synergies proposées sur le papier. 

L'équilibre, la clé pour réussir ses relations startups

On l'aura compris, il faut quitter la caricature pour réussir ses relations startups. Cela passe nécessairement par une bonne compréhension de ses propres besoins ainsi que des besoins des startups pour proposer un modèle équilibré et donc gagnant / gagnant. 

Si tu veux lancer un programme startup ou si tu souhaites améliorer le programme existant, si tu cherches à mettre en place des dispositifs d'innovation structurés ou agir de ton propre chef, tu peux me contacter: 

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