Faut-il fermer son accélérateur de startup ?

Que se passe-t-il du côté des accélérateurs de startups ? Est-ce que l'âge d'or est terminé ? En tout cas, une page se tourne. Décryptage. 

Tu as peut-être vu en effet que le NUMA, figure historique du mouvement startup, se recentre sur la formation. Le modèle de la prise de participation minoritaire en échange de service d'accélération semble avoir vécu.

D'autres acteurs comme le Schoolab avaient anticipé depuis longtemps que le business des grands groupes était plus lucratif. Visionnaires, ils avaient déjà un positionnement de "Innovation Studio" qu'ils confirment en levant 10 millions d'euros auprès de Raise et d'autres investisseurs. A l'inverse, The Family se rapproche du fonctionnement d'un fonds tout en développant ses programmes corporate (Join Lion). On se sait jamais.

Dure concurrence !

Pas facile pour les accélérateurs de startups de résister au leader américain TechStars
Il faut dire que la concurrence est rude. Roland Berger dans une étude toute récente (How accelerators and incubators can reinvent themselves)  dénombre 2616 structures d'accélération et d'incubation en 2018 soit 5 fois plus qu'en 2009 !

Pour se différencier, le cabinet de conseil observe deux évolutions: se spécialiser et s'internationaliser. Le problème, c'est que ce sont les américains qui sont les plus rapides à suivre ces modèles à commencer par TechStar qui s'est installé à Paris en 2017 en association avec Partech Shaker.

Et encore, je ne te parle que de nos champions car dans le milieu, on entend des rumeurs sur des accélérateurs qui ne vont pas bien, voire qui ferment.

Et bizarrement, ces apôtres de la culture de l'échec ont du mal à s'appliquer leur évangile à eux-mêmes. Pas facile de savoir communiquer sur ses échecs (lire Je suis super content, j'ai échoué).

La valeur ajoutée de l'accélération

J'ai donné quelques conseils sur comment choisir son accélérateur, mais il faut aussi s'interroger sur la valeur ajoutée des différents programmes. 

Globalement, les accélérateurs apportent de la méthodologie, un accès aux fonds, des échanges avec un réseau qualifié, ainsi que, bien sûr, de la visibilité. Oui, mais: 
Quelle valeur ajoutée pour les accélérateurs de startup en dehors de la sélectivité ?
  • les méthodologies de développement des startups sont de plus en plus connues (réussir le lancement de sa startup avec la méthode de Steve Blank). De plus en plus de créateurs n'en sont pas à leur première startup et sont donc capables de se développer sans passer par la case accélération.
  • les acteurs de l'innovation comme les fonds sont de plus en plus connectés en direct avec les startups. Certains fonds rencontrent plus 3000 startups par an, dont certaines qui ne postuleront jamais à un programme d'accélération. La visibilité peut être intéressante, mais pour rechercher des fonds, cela peut aussi être contre-productif car ils n'aiment pas trop être mis en concurrence. 
  • le réseau est bien entendu fondamental, mais les accélérateurs ne sont pas les seuls endroits où on peut échanger avec des mentors de qualité. Tu peux par exemple t'appuyer sur de très bons Business Angels comme ceux rassemblés par AngelSquare on encore profiter d'un espace de co-working dynamique.
Surtout, il faut bien comprendre que la sélectivité n'induit pas la valeur ajoutée. Un lycée qui accueille de brillants élèves peut avoir des profs médiocres et néanmoins de très bons résultats au bac. 

Globalement, tout le monde bute sur le plus important: comment aider les startups à trouver des clients. Et la présence d'un grand groupe comme partenaire est loin d'être une garantie (lire Relations startup: aller au delà des idées reçues).

Et pour ton accélérateur corporate ? 

Les conseils sur la création d'un incubateur restent valables. La clé de la durabilité de ton accélérateur dépend de l'alignement avec la stratégie: 
  • Visée business comme chez Start'in Post (on peut écouter son DG, Hugues Hansen, qui démarre le cycle Poc en Stock). 
  • Visée acculturation et transformation interne en lien avec des programmes d'intrapreneuriat
  • Visée efficacité opérationnelle et résolution de challenges internes comme on le voit par exemple chez Engie avec leur plateforme d'appel à projet.
Il faut pouvoir répondre à la question: qu'est-ce que l'accélérateur de startup rapporte à l'entreprise
Bien sûr, rien n'empêche de poursuivre plusieurs objectifs, de pivoter ou d'hybrider les approches. Mais il te faudra être capable de répondre à la difficile question de la Direction Générale: qu'est-ce que ça rapporte ? 

Bien que je ne sois pas fan des KPI et des process (Vive l'innovation libérée !), il t'en faudra un peu en s'attachant à ne pas mesurer l'activité mais plus les résultats, même si l'on connait la difficulté de l'exercice. 

Mais surtout, il faudra faire témoigner tes "clients", les BU internes qui sauront dire comment ton accélérateur répond à leurs besoins. 

Et ça, ça garantira la durabilité de ton accélérateur.

Si tu souhaites améliorer l'alignement de ton accélérateur ou si tu t'interroges sur quel accélérateur rejoindre, tu peux me contacter: 

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