Innovation : trois outils pour faire face à la crise du Covid-19

Innovation : trois outils pour faire face à la crise du Covid-19
La moitié de l'humanité est désormais confinée. Selon l'association de prospective Futuribles International, le bilan de l'épidémie pourrait être à terme d'au moins 75 000 morts en France soit une sur-mortalité de 10% à 15%.

Derrière ces chiffres terribles, il y a des hommes et des femmes, des histoires individuelles et donc beaucoup de souffrance et d'angoisse. Alors pour commencer, j'espère que tu vas bien et que tu prends soin de toi et de tes proches. Comme nous le rappelle Boris Cyrulnik, "la protection repose sur trois axes : l'action, l'affection et la réflexion" (Coronavirus : Il y aura des transformations profondes).

La morale de l'action

Pour éviter le pire, "seule compte la morale de l'action" (à lire dans l'excellent article de Usbek&Rica: Covid-19 : Entre l’avant et l’après, un long maintenant), ainsi :
  • Petit Bateau, Lacoste et Groupe ETAM produisent des masques, 
  • Groupe PSA, Air Liquide, Schneider Electric et Valeo s'associent pour produire des respirateurs, 
  • L'Occitane et LVMH produisent du gel.
Je cite ici des grands groupes, mais tu as pu le constater, les PME comme Les Tissages de Charlieu sont également mobilisées tout comme les startups. Ainsi, le Lab RH recence plus de 60 offres gratuites spéciales Covid-19

Bref, l'effort de guerre tant attendu est bien en train de se mettre en place (Du confinement à l'économie de guerre: penser le changement).

C'est bien la preuve que j'avais raison ! 

Pourtant, au-delà de toutes ces belles actions, on entend aussi de nombreuses critiques. Car nombreux sont ceux qui ont du mal à comprendre pourquoi nous en sommes arrivés là et comment nous pouvons être si peu préparés à ce que nous arrive. Et comme on pouvait s'y attendre, nous assistons à une intense rationalisation a posteriori (Une semaine de confinement : quelles leçons en tirer ?). 

Stan Leloup, dans sa vidéo sur les biais de normalité, décortique les ressorts de notre perception du risque. En particulier, nous cherchons souvent à trouver dans les évènements une validation de nos convictions préexistantes. Ainsi, cette crise est tour à tour : le châtiment d'une humanité qui ne respecte pas la nature, le coup d'arrêt à la mondialisation, l'accélération de la transformation digitale, le refus du marché privé, l'appel à changer nos modes de vie, ...

Le fait d'être capable d'expliquer le passé nous rassure, même si c'est largement factice. Et forts de nos convictions, nous pouvons alors nous tourner vers l'avenir et prévoir facilement ce qui va advenir en sortie de crise. 

Evidemment, toutes ces certitudes sont en réalité illusoires, et cela démontre surtout que nous manquons d'outils pour penser l'inconnu. 

Trois outils pour penser et agir dans un monde inconnu

Quand est-ce que le confinement va prendre fin ? Serons-nous libre d'aller et de venir ou est-ce que nous subirons des restrictions ? Sur quels critères ? 
Evidemment, nous ne le savons pas. Et savoir que le confinement est prolongé jusqu'au 15 avril n'apporte quasiment aucune d'information. D'ailleurs, qui peut dire qu'il n'y aura pas de reprise de l'épidémie lors du déconfinement ? Ou que les personnes qui ont eu le coronavirus seront définitivement immunisées ? Toutes ces inconnues peuvent nous angoisser si nous cherchons à prévoir l'avenir. 

L'effectuation : l'action réduit l'incertitude

Animé d'une intention (et non d'un but défini), nous pouvons nous appuyer sur ce que nous avons de disponible, choisir ce que nous sommes prêt à perdre et commencer à agir. En chemin, nous allons nous associer avec "parties prenantes" qui vont partager le risque avec nous. Enfin, nous allons tirer partie des surprises, bonnes ou mauvaises. 

Par exemple, si tu es un docteur en train d'essayer de sauver des malades en Italie, tu peux contacter une startup pour qu'ils bricolent un masque de plongée Décathlon et ainsi le transformer en respirateur. Et c'est rendu possible car Décathlon donne accès aux plans 3D du masque. Devant le succès et également l'utilité du masque pour éviter la contagion, Décathlon décide de réserver son stock et sa production aux hôpitaux. Qui aurait pu le prédire ? J'explique les principes de l'effectuation plus de détail dans Et si vous profitiez de la rentrée pour innover grâce à l’effectuation ?

Accueillir la déviance positive 

Vu la vitesse à laquelle les entreprises se sont adaptées au nouveau contexte, on peut largement douter qu'elles aient respecté tous les process qui sont d'habitude là pour encadrer le champ des possibles.

Les préconisations que je faisais dans Accueillir la déviance positive en entreprise prennent de ce fait un sens nouveau : 
  • Proposer un cadre qui incite à la prise d'initiative
  • Tolérer les écarts aux règles qui ne posent pas un risque majeur au fonctionnement de l'entreprise dans la mesure où ils visent le succès de l'entreprise
  • Faire vivre les règles et normes en repérant les pratiques dérogatoires qui auraient intérêt à être institutionnalisées et donc imposées à tous
Certes, la démarche n'est pas naturelle. Elle est exigeante mais elle permettra d'impliquer des corporate hackers qui n'attendent que ça (Alerte ! Le travail ne répond plus !). 

Antifragile : quand la perturbation renforce le système

A peine croyable, Nassim Taleb lui-même aurait déclaré que la crise n'est pas un cygne noir !
Pourtant : 
  • il s'agit bien d'un événement de faible probabilité / fort impact. Le fait qu'on n'ait rien connu de tel en France depuis plus d'une génération suffit à en témoigner.
  • comme je le disais déjà dans mon article On ne pouvait pas savoir ! L'impact du cygne noir, le cygne noir est une notion qui est fonction de l'observateur. Pour Singapour qui a vécu le SRAS, c'était effectivement logique de prendre des mesures très fortes dès le début de l'épidémie.
  • le fait que tout un tas de personnes comme Bill Gates aient prédit une pandémie ne change rien car ils n'indiquent pas quand et où. On a beau jeu de dire qu'on a tardé à réagir alors que la confirmation d'une transmission de l'homme à l'homme n'a été confirmée que le 20 janvier !
Bref, ce qui est véritablement important, c'est de réfléchir à la manière de devenir antifragile, c'est-à-dire de faire en sorte que les perturbations nous renforcent plutôt qu'elles nous affaiblissent. On voit qu'on en est loin. Dans Antifragile: 3 conseils pour résister à l'adversité, je donnais quelques pistes : 
  • Se garder toujours plusieurs options 
  • Donner du crédit aux engagements plutôt qu'aux promesses
  • Tester plutôt que planifier
Qu'est-ce tu en penses ? Comment vas-tu adapter ton business à cette nouvelle donne ? Je t'invite à partager tes initiatives en commentaire ou à me contacter: 
EDIT 8/7/2020 : voici un lien pour consulter mon livre blanc sur la déviance positive.

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